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Céramique et amour de la Corée

Architecture traditionnelle coréenne

Eh oui, c’est une histoire d’amour

Tongs typiquement coréennes
Tongs coréennes sur la terrasse devant ma chambre

Depuis la rencontre au Japon de céramistes coréens avec qui j’ai travaillé durant un mois, j’ai eu la chance d’être invitée une dizaine de fois en Corée du Sud, afin de participer à différents festivals de céramique. Bien sûr j’ai profité de ces occasions pour visiter le pays, et même à plusieurs reprises le faire découvrir à des céramistes occidentaux. 

En Corée la céramique est un art majeur

Joëlle Swanet avec le grand Maître des Potiers d'Icheon 이 양구
Master 이 양구 à l’avant-plan, durant le festival d’Icheon en 2019

On me demande souvent : “pourquoi la Corée” ? et “pourquoi apprends-tu cette langue aussi étrange” ? 

En Extrême-Orient (Chine, Corée, Japon), la céramique est fortement liée à la culture et aux traditions religieuses animistes puis bouddhistes. Là-bas c’est un art majeur !

Et puis savez-vous qu’en Europe le grès date seulement de la toute fin du 15e siècle (avec les “grès au sel”), alors qu’en Chine et en Corée, les hautes températures étaient déjà atteintes autour du 16e-15e siècle AVANT J.C. grâce à la conception des fours ?

Savez-vous qu’en Chine et en Corée la porcelaine est attestée depuis environ 220 avant JC alors qu’en Europe il faudra attendre le début du 18e siècle pour découvrir sa composition ? 

Détails pratiques

Joëlle Swanet en randonnée dans le parc national Seoraksan en Corée
Ulsanbawi Rock dans le parc national Seoraksan

Par sa taille la Corée est plus facile à visiter que le Japon, et ses habitants – qu’on qualifie parfois “d’Italiens de l’Asie”, sont d’un contact un peu plus facile. Et voilà que je suis tombée en amour avec ce pays “Hanguk” – le “pays des Hans” qu’on appelle aussi “Pays du matin calme”, sa céramique bien sûr et sa tradition millénaire en ce domaine, sa culture tellement différente de la nôtre, sa nourriture unique au monde, ses paysages époustouflants, son efficacité incroyable. En plus j’avoue que la ponctualité et la propreté de (la plupart) des transports en commun sont bien agréables (idem au Japon, par contre en Chine ce n’est pas pareil), tout comme les bains publics qu’on appelle “JimjilBang”, les “scrubs” et massages thérapeutiques coréens sont aussi une vraie expérience en soi. 

Alors dès mon premier séjour j’ai essayé de mémoriser comment dire “bonjour”, “merci”, “comment ça va” et quelques basiques comme “où sont les toilettes” ? Wouaw, c’était difficile : les sons sont étranges et différents et je n’entendais carrément pas certains de ces sons. Il a fallu que mon oreille s’habitue.

J’y suis retournée de nombreuses fois et mon envie de pouvoir communiquer de façon plus fluide avec mes amis céramistes coréens n’a fait que grandir. Et j’ai commencé à étudier le “hangeul” – l’écriture via des sites internet et puis les bases du vocabulaire, car là où j’habite les cours les plus proches sont à près de 4h de route aller-retour. Je me souviens encore de mon découragement lorsque j’ai découvert qu’il y a deux systèmes pour les chiffres : si on compte l’argent, les minutes, les distances…  on doit utiliser les nombres chinois, et si on compte les heures, les personnes, l’âge.. on utilise les nombres sino-coréens. Là je me suis dit que je n’y arriverais jamais… et puis après quelques jours, j’ai repris mes livres.

Outils pour apprendre le coréen

Kakemono annonçant une conférence de Joëlle Swanet à l'université Keimyung de Daegu, Corée
Conférence en mars 2019 à Keimyung University, Daegu

On me demande souvent comment je fais pour étudier cette langue, réputée difficile. J’ai de nombreux livres, mais aujourd’hui les sites internet offrent la possibilité d’écouter les phrases.  Un des sites que j’utilise toujours beaucoup est “HowToStudyKorean” : à l’époque c’était un site anglais-coréen par contre aujourd’hui une plus grande partie est accessible en français-coréen.  Mais la magie de la technologie ce sont les “applis” et j’ai découvert un petit bijou pour l’apprentissage des langues (pas seulement le coréen), il s’agit de “LingoDeer“, couplé à “DeerPlus” : c’est ludique, facile, et dès que je suis dans une file – à l’aéroport ou au supermarché – hop, je révise durant quelques minutes. 

Joëlle Swanet donne une conférence à l'Université Keimyung à Daegu en Corée
Conférence à Keimyung University

En 2018 j’arrivais à un peu communiquer et en 2019 j’ai pu donner une conférence à Keimyung University à Daegu en grande partie en anglais – avec un peu de coréen :  formidable pour capter l’attention de l’auditoire, surpris et ravi ! Car cela reste une langue très difficile – un peu moins que le chinois grâce au fait qu’il n’y a pas de “tons”, mais avec une écriture qu’il faut commencer par acquérir puis déchiffrer, des sons comme je le disais plus haut qui n’existent pas dans nos langues européennes, et surtout RIEN à quoi la mémoire peut se raccrocher pour mémoriser le vocabulaire. Et je ne vous ai pas encore parlé des différents degrés de politesse, qui bouleversent complètement les conjugaisons.  

Etudier une langue donne accès à d’autres systèmes de pensées

Deux pièces céramique de Joëlle Swanet montrées dans différentes positions et qui convoquent des images très différentes
“The Kiss” a été exposé à Goesan, Seoul et Jeju

Apprendre cette langue me permet de découvrir un système de pensée complètement différent du nôtre – car la langue formate non seulement nos comportements sociaux mais aussi nos modes de pensée. On me demande parfois si je trouve que c’est “mieux” ou “moins bien” ? Je ne peux ni ne veux avoir de jugement de valeur. Tout n’est pas idyllique dans la société coréenne – loin s’en faut – mais est-ce que notre société occidentale peut se prévaloir d’être parfaite ? ce sont simplement des humains qui se sont organisés différemment pour fonctionner en société – et au sein de ces sociétés les attentes sont différentes. C’est une expérience bouleversante et qui a fortement enrichi le contenu symbolique de mes “poèmes d’argile” comme j’aime appeler mes sculptures. C’est la raison pour laquelle j’aime pouvoir les disposer de différentes façons, pour rappeler que toute chose, tout évènement, toute personne qu’on a en face de soi… peut être perçue de multiples façons. 

Voilà ce que j’avais envie de partager aujourd’hui avec vous…  

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Joëlle Swanet

Je ne signe pas cet article en tant que “professeur de techno”, mais “être humain de sexe féminin, née en Europe, n’ayant pas dû connaître guerre, famine, déportation, et autres violences faites à des humains par d’autres humains” (d’après mon formatage cela devrait être la “normalité” – mais est-ce ainsi ailleurs ?)

Nami Island sur le fleuve Han
Pièces que j'ai réalisées durant un Festival céramique à Nami Island
A Gyeongju le palais Donggung et l'étang Anajpi
Formations rocheuses à proximité de Daegu
Vue des montagnes dans le nord-est de la Corée

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