Expo Art for Land, du 4 février au 5 avril à Auroville, Inde

Un truc pour diminuer le relargage de métaux lourds

Les connaissances actuelles en matière de toxicologie amènent la Communauté européenne à revoir la réglementation concernant les surfaces en contact avec des aliments. Ainsi les normes concernant la céramique à usage alimentaire vont devenir plus strictes et les “très petites entreprises” espèrent être entendues quant à l’adaptation des procédures de contrôle à leur réalité économique et financière. Il est quasi certain que les valeurs maximales autorisées concernant le plomb et le cadmium vont être abaissées et que six autres éléments vont être ajoutés : arsenic, cobalt, chrome, nickel, aluminium et baryum. Cet article a pour objet d’expliquer des éléments essentiels quant aux tests réalisés en laboratoire et de proposer une procédure de routine – pas chère et facile à mettre en oeuvre – afin de diminuer le relargage de métaux lourds.

Comment sont réalisés les tests en laboratoire ?

Les tests commandés par la Commission européenne comportent 3 extractions successives. On observe que la première extraction relargue plus que la seconde, qui relarguera plus que la troisième, etc. Alors question de bon sens : puisque ce sont les premières extractions qui relarguent le plus,  pourquoi ne pas effectuer ce « relargage » avant que les pièces quittent l’atelier, à la sortie du four par exemple ?

Acide citrique

Acide citrique

Acide citrique

Si vous réalisez 3 trempages successifs (voire plus) dans un bain d’acide citrique, vous aurez déjà extrait une bonne partie d’ions métalliques, qui ne migreront donc pas dans la nourriture – ni dans l’acide acétique utilisé en laboratoire. Cela pourrait devenir une procédure de routine dans l’atelier, avant commercialisation – particulièrement dans le cas des pièces de faïence et des pièces fortement décorées (les analyses montrent que ce sont celles qui relarguent le plus), mais rien n’empêche d’utiliser cette technique pour toute votre production.

La méthode

Trempage dans un bain d'acide citrique

Trempage dans un bain d’acide citrique

Il s’agit simplement de faire une solution avec 3,5 grammes d’acide citrique en poudre par litre d’eau (ceci afin d’obtenir un pH de 2,5) et laisser vos pièces tremper pendant 24 heures. Faire un nouvelle solution pour chaque trempage. Notez que par rapport au vinaigre, l’acide citrique est un acide encore plus fort, qui présente l’avantage d’être peu cher, de ne pas sentir mauvais et surtout qui a la capacité de séquestrer les ions métalliques (c’est pour cela qu’il faut le changer à chaque nouveau bain). 

Cette méthode a l’avantage d’être très simple mais ATTENTION JE NE PEUX PAS GARANTIR qu’après trempages successifs votre émail sera totalement inerte, ni qu’il répondra aux critères stricts qui seront mis en place. Je considère qu’il faut rester très prudent, mais cette procédure extraira déjà une partie de ce qui va/doit relarguer au contact de l’acide ou de la nourriture. 

Questions-Réponses

Cet article a reçu de nombreuses réactions. Voici quelques réponses à des questions qui ont été fréquemment posées. 

Faut-il utiliser pinces/gants ?

R. Des gants suffisent : un pH de 2,5 est irritant en cas de contact prolongé – mais pas de danger de brûlure par exemple) + éviter le contact avec les yeux. 

Que faire des bains d’acide citrique, quid des métaux lourds présents dedans ?

R. D’abord être bien conscient que ce qui sera capté dans l’acide citrique ne sera pas ingéré par les utilisateurs !! on peut donc espérer que vous êtes responsables en créant vos émaux et que vous utilisez les quantités les plus minimes possibles + que vous créez des émaux stables et correctement matures. 

Dans ces conditions les concentrations de métaux lourds qui seront  captés dans le bain d’acide citrique devraient être extrêmement faibles, et à l’échelle d’un petit studio et d’une petite production, ce n’est pas un problème de l’envoyer à l’égout. Attention ce n’est pas pareil pour une industrie, qui devra considérer cela comme un déchet industriel. 

Et puis soyons cohérents : si vous acceptez que l’utilisateur ingère ce qui pourrait relarguer, ça ne devrait pas vous poser un problème moral de l’envoyer à l’égout.

Où trouver l’acide citrique ?

R. Dans certaines grandes surfaces (ça aide p.ex. à la conservation de certaines confitures), peut-être dans des magasins diététiques, mais le plus facile c’est sur internet (j’en ai trouvé à 1 €/kilo, et c’est de l’acide citrique de qualité alimentaire). 

Question quant à l’impact du bain d’acide citrique sur la faïence : “Tremper l’article dans la solution laisse apparaître du tressaillage, ce qui peut rendre l’article invendable”.

R. Le but de ce trempage dans un bain d’acide citrique est de diminuer le risque de relargage de métaux lourds, donc de protéger vos clients – il n’est évidemment pas de faire tressailler les pièces avant la vente – mais on peut s’interroger sur la fragilité de cette surface. 

Le deuxième objectif de ce trempage (que je n’ai pas écrit dans mon texte mais c’était sous-entendu) est d’augmenter les chances d’envoyer à l’analyse des pièces qui obtiendront un rapport d’analyse de labo favorable, et donc une autorisation de commercialiser. Je rappelle qu’une analyse de labo est actuellement obligatoire quand on commercialise des pièces à usage alimentaire (Pb, Cd – voir règlement 1985/2004) et probablement à l’échéance 2024 (?) il faudra aussi prouver l’absence de six autres substances citées dans l’article : le savoir permet de s’y préparer.

Je suppose que si vous commercialisez vous avez fait réaliser ces analyses de labo ? Dans ce cas vous savez s’il y a relargage ou pas de ces métaux lourds. S’il y a relargage au-dessus des normes, vous ne pouvez pas commercialiser, et s’il n’y en a pas il est inutile d’effectuer ce “trempage qui réduit le relargage”.

L’étude réalisée pour la commission européenne montre qu’il y a beaucoup plus de problèmes de relargage sur faïence que sur grès, et c’est bien tout le problème de la faïence en contact avec quoi que ce soit d’acide – or une grande partie de notre nourriture a un pH acide. Par exemple le citron est encore plus agressif que le vinaigre – mais une sauce à la tomate est aussi très acide : c’est d’ailleurs une sauce tomate (avec un pH de 3,5) qui a été utilisée pour les tests sur lesquels se base la Commission européenne. Des tests réalisés avec de la rhubarbe (présence d’acide oxalique) ont aussi montré des résultats désastreux. Alors que dire de la choucroute et de la conservation de tous les aliments lactofermentés (acide lactique), du citron confit (avec la contrainte supplémentaire de la salinité, le sel favorisant l’extraction de métaux lourds…). Un bain d’acide citrique avec un pH de 2,5 n’est pas du tout exagéré par rapport à une utilisation normale dans une cuisine.

Facebook
WhatsApp
Twitter
LinkedIn
Pinterest

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Suivre mes formations

La technologie de la céramique vous intéresse ? Vous souhaitez approfondir des notions de santé et de sécurité, de chimie des émaux ou de gestion des surfaces alimentaires ?

Mes formations en visioconférences et en vidéos sont faites pour vous ! 

Articles récents
Mes réseaux sociaux