Atelier céramique : choisir ses matières premières (1)
Vous débutez en céramique et vous voulez vous informer: vous êtes au bon endroit !
Cet article va traiter des “argiles” – le suivant parlera des matières premières qui composent les émaux/glaçures/couvertes/vernis (pour la différence entre ces termes voir ici).
Argile ou “pâte céramique” ?
Commençons par ce que nous appelons “argiles“. Nous les achetons chez des fournisseurs de matières premières céramiques. Dans les pays occidentaux, ils sont généralement vendus sous forme de pains emballés dans du plastique.
Il s’agit le plus souvent de “pâtes céramiques”, qui sont des mélanges d’argiles auxquels on ajoute parfois/souvent d’autres matières premières, afin d’améliorer la plasticité, ou le retrait, ou la tenue à la cuisson, ou la couleur… . On peut ainsi mélanger des argiles entre elles, ajouter de la chamotte, du sable, du ball clay, mais aussi des fibres, des oxydes colorants, des pigments, des conservateurs…
Cette pratique de préparer l’argile en la débarrassant de ses éléments les plus grossiers (par un tamisage) et de lui ajouter une autre argile, ou un dégraissant (comme du sable par exemple) est très ancienne. Dès qu’il y a un mélange, destiné donc à une utilisation précise, on parle de “pâte céramique”. Les fabricants préparent des pâtes qui sont adaptées au tournage, ou au modelage, ou au coulage, etc.
Connaître les ingrédients de la pâte céramique que vous utilisez
Lorsque nous achetons des matières premières, nous pouvons demander la “fiche technique”, qui renseigne les ingrédients qui entrent dans la composition et la “fiche sécurité” pour avoir les infos relatives à l’utilisation du produit.
Ainsi par exemple la fiche sécurité du grès blanc chamotté “PRA-1” indique au point 2 que “le produit n’est pas considéré comme préparation dangereuse” – ensuite le point 3 mentionne “La pâte est composée d’argile, carbonate de baryum (voir ci-dessous) conservant et eau” et le point 4.2. indique une possibilité de problèmes pour les personnes allergiques.
Comme pour toutes les pâtes céramiques, le risque principal est l’inhalation de fines poussières. Mais le risque d’ingestion n’est pas toujours à écarter, et le contact cutané pose parfois aussi problème.
Ceci n’est qu’un exemple parmi d’autres.
Le terme “nocif” se réfère à la dose qui tue 50% des animaux testés en laboratoire en 24 heures après une ingestion unique.
Le carbonate de baryum peut être mortel si la dose ingérée est suffisante. Il est très toxique pour les muscles or le coeur est un muscle : il peut provoquer un arrêt cardiaque.
Les matières premières doivent être étiquettées conformémement à la réglementation – mais malheureusement tous les fournisseurs ne se plient pas à cette obligation. Lorsque les mentions de danger figurent sur les emballages, soyez attentifs au fait que ces mentions concernent les risques lors de la manipulation mais ne doivent jamais mentionner les risques lors de la combustion (= le danger des fumées). Donc bon à savoir : certaines MP sont sans danger au niveau manipulation mais présentent une toxicité élevée lors de la combustion.
Pâte céramique et contact cutané
Perso je fais régulièrement le constat suivant : je développe des petits boutons sur la paume des mains au contact de certaines pâtes. Alors est-ce que je réagis au “conservant” ? au carbonate de baryum ? Je ne sais pas – mais je voulais simplement vous informer que les pâtes céramiques sont des produits composés par des “usines de terre”, qui préparent ces pâtes en ayant comme objectif qu’elles soient très plastiques, ou qu’elles conviennent au moulage ou au coulage… Ce ne sont donc généralement pas les “produits naturels” qu’on imagine lorsqu’on débute dans l’univers céramique. Les argiles peuvent être recomposées à partir de poudres de minéraux, afin de proposer des produits stables – moins sujets à variations que les produits naturels. Si vous travaillez avec des pâtes qui cuisent très foncé (je pense entre autres aux pâtes noires), il est prudent de vous renseigner – pour plusieurs raisons, une des raisons est aussi qu’une partie des composants de la pâte va partir en fumée dans la cheminée du four lors de la cuisson (voir la photo qui illustre cet article).