Pour aider quelqu’un qui me posait la question “j’ai déjà suivi une formation chimie des émaux, est-ce suffisant ou pas pour m’inscrire à la formation Surfaces alimentaires avec Eric” ? j’ai répondu ce qui suit, en lui proposant ce mini-test. Et puis je me suis dit que cela pourrait intéresser d’autres personnes. Et je copie-colle ce que je lui ai envoyé – d’où le tutoiement !
On observe que les personnes qui ont préalablement participé au niveau Chimie des Emaux avec moi sont beaucoup plus à l’aise dans la formation Surfaces alimentaires. C’est normal car ce cours n’est pas soumis à une réglementation qui impose un contenu. Chaque prof transmet à sa façon, selon ce qu’il/elle juge important ou selon ses propres connaissances. Beaucoup copient-collent ce qu’ils ont eux-mêmes reçu, et si tous sont céramistes, très peu sont chimistes.
Perso je n’ai pas fait de copier-coller : j’ai créé un cours de toutes pièces. Je suis céramiste et je connais ce dont les céramistes qui travaillent “façon 21e siècle” ont besoin. Ce ne sont plus des tourneurs qui travaillent à la chaîne, mais des personnes qui vont devoir gérer toutes les étapes de la création, inclus l’émaillage et la cuisson. Et j’ai un mari ingénieur chimiste qui est un trésor de connaissances : nous travaillons ensemble, car les connaissances actuelles en chimie permettent de comprendre ce qu’on fait plutôt que jouer aux apprentis sorciers. On peut apprendre comment faire du beau sans se bousiller la santé et ensuite aller plus loin si on veut que ce soit inerte et à usage alimentaire.
Alors pour t’aider à te situer, peux-tu répondre sans hésiter à ces quelques questions (ce n’est pas un examen ! c’est pour te permettre de t’auto-évaluer)
– cite minimum 4 synonymes de “craie”
– est-ce que le zinc est un élément fondant, colorant ou opacifiant ?
– cite les 5 éléments fondants traditionnels (et si tu peux, les 5 fondants secondaires – mais puissants!)
– cite 4 sources différentes de CaO
– lorsque tu achètes de la dolomie, quels sont les 2 éléments que cela apporte à l’émail
– quelle différence fais-tu entre feldspath sodique et néphéline syénite
– cite 3 matières premières apportant massivement du Fluor (et donc à proscrire si tu utilises un four électrique en intérieur)
– es-tu à l’aise avec des logiciels de calcul d’émaux pour le passage recette/formule (ça c’est très facile !) et surtout pour le passage inverse formule/recette ?
– peux-tu dans une recette imaginer qu’il te manque une matière première, et faire le calcul permettant de substituer par une autre matière première, en changeant bien sûr toute la recette mais en atteignant la même formule cible ?
– calcule le poids molaire de l’oxyde de Zinc, de la silice et de l’alumine
– calcule le poids molaire d’une matière première à partir de sa fiche technique
– tu as une recette dans laquelle il faudrait mettre 1% de carbonate de cuivre (indépendamment des considérations santé/environnement). Mais dans ton armoire tu n’as pas de carbonate, seulement de l’oxyde : explique comment tu peux substituer.
– explique les différences entre un émail alcalin et un émail calcique
– quel est le rapport considéré comme idéal entre R2O/RO et pourquoi
– explique la différence entre un palier de changement d’état et un palier dans une courbe de cuisson
– est-ce que la glaçure/l’émail/la fine couche de verre qui recouvre un tesson est un “solide” ?
– quel est le rôle de la bentonite dans un bain d’émail ?
– pourquoi faut-il suffisamment d’argile (mais pas trop) dans un bain d’émail ?
– explique le fonctionnement de la réglementation sur les surfaces alimentaires et compare Europe vs Belgique vs France
et je peux imaginer plein d’autres questions, en lien avec ce qu’on voit dans le niveau Chimie des Emaux. Donc voilà, ce n’est pas une question de se vexer ou pas, mais de savoir où te situer. Jongler suffisamment avec ces notions te permettra de bénéficier pleinement du cours Surfaces alimentaires, et il n’y a que toi qui peux dire où tu en es. Si tu n’est pas à l’aise, mieux vaut alors commencer par Chimie des émaux façon Jojo 😉